QUINZAINE UNIVERSITAIRE n°1502

ÉDITO : INTERCHANGEABLES

SNALC congres Strasbourg mai 2023 - Photo Philippe Sautier (3)

Jean-Rémi Girard
Président du SNALC

Le SNALC a toujours défendu la spécificité et la richesse de nos métiers, fondées sur des statuts. Représenter l’État, ce n’est pas rien. Se voir investi d’une part de son autorité non plus. Force est de constater que l’État n’entretient plus cette vision de notre système scolaire, qui fait sa grandeur et garantit la transmission des savoirs sur l’ensemble du territoire.

Nous devenons chaque jour moins grands, moins respectés. Car nous sommes désormais interchangeables. Chez les professeurs, les concours et la formation initiale gomment notre nécessaire expertise disciplinaire. Tout le monde dans un master éducation, dans lequel la part de notre discipline est réduite à sa plus simple expression. Et qu’on ne s’avise pas de vouloir poursuivre en thèse : on ne pourra pas. De même, notre employeur gère la crise des recrutements dont il est responsable de la pire des façons possibles : vous avez lu Astérix ? Tenez, une certification latin. À Dijon, on tente même, après un simple entretien, de faire enseigner le français en collège à des professeurs d’autres disciplines. Maupassant, écrivain ou footballeur ? Écrivain ? Bravo, vous voilà professeur de lettres avec votre CAPES de non-lettres. [Lire la suite]

Afin d’être au plus près de vos attentes et de vous informer au mieux, la revue du SNALC a évolué dès cette rentrée, avec désormais deux numéros mensuels au lieu d’un : l’un centré sur le second degré et le supérieur, et le second sur les problématiques spécifiques de l’école primaire.


QUINZAINE UNIVERSITAIRE n°1502 – école

ÉDITO : INFANTILISATION

SNALC congres Strasbourg mai 2023 - Photo Philippe Sautier (3)

J-Rémi Girard
Président du SNALC

Le SNALC défend la spécificité et la richesse du métier de professeur des écoles, fondées sur un statut et un recrutement en catégorie A niveau bac+5. Représenter l’État, ce n’est pas rien. Se voir investi d’une part de son autorité non plus. Force est de constater que l’État n’entretient plus cette vision de notre système scolaire, qui fait sa grandeur et garantit la transmission des savoirs sur l’ensemble du territoire.

Nous devenons chaque jour moins grands, moins respectés. L’infantilisation tourne à plein régime. Catégorie A, bac+5, et l’on vous considère comme incapables de la moindre autonomie ou de la plus petite prise de décision. Dans d’autres ministères, vous seriez des cadres supérieurs, payés 1 000 € mensuels supplémentaires. Mais à l’Éducation nationale, vous êtes là pour être encadrés, conseillés, forcés, menacés et, surtout, méprisés. [Lire la suite]

Afin d’être au plus près de vos attentes et de vous informer au mieux, la revue du SNALC a évolué dès cette rentrée, avec désormais deux numéros mensuels au lieu d’un : l’un centré sur le second degré et le supérieur, et le second sur les problématiques spécifiques de l’école primaire.


Dijon : professeur de lettres après un simple entretien ? Non merci !

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La nouvelle a de quoi inquiéter : dans l’académie de Dijon, des enseignants pourraient se voir confier des cours de Lettres après un simple entretien avec un inspecteur, sans formation disciplinaire spécifique ni concours de recrutement. Une attestation de validation de compétences suffirait. L’information a été rapportée notamment par Télérama et Mediapart¹.

Ce dispositif, qui serait expérimenté à la rentrée 2026, consiste à « reconnaître » des compétences en Lettres à des collègues titulaires d’un autre CAPES ou à des contractuels, afin de répondre à la pénurie croissante de professeurs. Il s’inscrit dans une logique déjà à l’œuvre dans plusieurs académies depuis les « job dating », qui avaient suscité un large émoi. Mais il franchit un cap supplémentaire : faire enseigner une discipline sans qu’elle soit réellement maîtrisée.

Pour le SNALC, ce type de décision est à la fois irresponsable, méprisant pour les enseignants, et dangereux pour les élèves. Enseigner les Lettres ne s’improvise pas. Cela suppose des connaissances approfondies en langue, en littérature, en stylistique, en histoire littéraire. Ce n’est pas une compétence générique que l’on valide sur la base d’un entretien.

En réalité, ce type de mesure participe d’une vision purement gestionnaire du métier : on « gère des flux », on « mutualise des ressources », on affecte les professeurs comme des variables d’ajustement. C’est la version RH du « prof interchangeable », dont le ministère tente d’imposer l’image. Mais c’est aussi le reflet d’une perte de considération structurelle pour l’expertise disciplinaire des enseignants. Pour le SNALC, c’est une ligne rouge.

Le professeur n’est pas un simple exécutant. Il est un spécialiste d’un champ disciplinaire. Il est recruté par concours national sur un programme exigeant. Il est formé pour transmettre un savoir rigoureux, pas pour remplir des heures dans un emploi du temps. Remettre en cause cela, c’est continuer à dévaloriser le métier, et à accroître la désaffection pour les concours enseignants — une désaffection que le ministère feint de découvrir chaque année².

Rappelons que des professeurs de Lettres titulaires de l’agrégation ou du CAPES, avec un barème important, peinent encore à obtenir des postes en lycée. Et dans le même temps, on ouvrirait l’accès à cette discipline à des personnels non formés ? Ce n’est pas un remède à la pénurie, c’est un aveu d’échec. Et une attaque frontale contre le cœur du métier d’enseignant.

Le SNALC n’accepte pas ce glissement vers une école low cost, où la polyvalence forcée remplace l’exigence disciplinaire, et où l’on sacrifie l’ambition intellectuelle des enseignements sur l’autel d’un pilotage RH abscons.

Nous demandons un moratoire immédiat sur ce type d’expérimentation et réaffirmons que seule une politique de recrutement ambitieuse, fondée sur des concours attractifs, une vraie formation et une revalorisation salariale, permettra de sortir de la crise actuelle.

Le SNALC continuera à défendre un modèle d’École où le professeur est un expert respecté, et où l’enseignement repose sur la maîtrise rigoureuse des savoirs³.


(1) Sources presse :
– Télérama, « Un CAPES de lettres, pour quoi faire ? », 27 mai 2025
– Mediapart, « Face à la pénurie en Lettres, l’académie de Dijon invente les profs interchangeables », 27 mai 2025
(2) SNALC, Communiqué de presse du 18 février 2025 : « Enseigner : un métier toujours moins attractif »
(3) SNALC, Article « Remettre le professeur au centre du village », juillet 2024


Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1502 du 6 juin 2025


DNB : compte rendu du 2 juin 2025

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Audience bilatérale SNALC - Inspection générale

Pour l’IGESR : Laurence LEYENDECKER et Delphine PAILLER

2 juin 2025

Compte rendu du SNALC

LE THÈME

Le diplôme national du brevet avant et après la réforme.

L’ESSENTIEL

L’IGESR a été saisie par la Ministre pour faire un état des lieux du DNB afin, notamment, de s’appuyer sur ce panorama pour évaluer l’impact qu’auront les mesures qui entreront en vigueur en 2026.

LE SNALC A INSISTÉ SUR

L’intérêt du DNB :

  • Il n’a pas d’impact sur la poursuite d’études ni sur le marché de l’emploi, mais il reste un premier diplôme qui permet aux élèves de se confronter une première fois à des épreuves nationales.
  • Il permet, par ses épreuves, d’installer certaines activités (par exemple, la dictée étant au DNB, elle est travaillée en classe).
  • Il valide la scolarité du primaire et du collège.

La difficulté posée par le contrôle continu :

Le DNB actuel repose sur des compétences également utilisées pour l’orientation, ce qui engendre un biais évident. Le futur DNB, fondé sur les moyennes, pourrait améliorer cette situation, mais il présente le risque de reproduire au collège les mêmes pressions que celles qui sont observées au lycée, qu’elles viennent des parents ou de la hiérarchie. Dans ce contexte, le SNALC soutient l’idée de diplômes fondés sur des épreuves nationales, finales et anonymes.

L’intérêt du DNB professionnel :

L’Inspection Générale exprime ses préoccupations quant au taux de réussite inférieur pour ce DNB professionnel. Le SNALC estime que les élèves qui se présentent à cet examen auraient encore plus de difficultés à réussir le DNB général. Le DNB professionnel présente donc l’avantage de permettre à ces élèves d’obtenir un premier diplôme.

La nécessité de modifier deux épreuves :

Si le français, les mathématiques et l’histoire-géographie fonctionnent bien, l’épreuve de sciences gagnerait en pertinence en étant structurée en trois parties distinctes, chacune consacrée respectivement aux SVT, à la physique-chimie et à la technologie, plutôt que de reposer sur un tirage au sort. Concernant l’oral, qui est actuellement trop généraliste, il devrait se recentrer sur des contenus disciplinaires pour retrouver du sens. L’histoire de l’art pourrait représenter un axe intéressant. Le SNALC serait également favorable à l’introduction d’un oral de langue vivante.

L’AVIS DU SNALC

L’IGESR va finir ses consultations et produire un rapport.

Pour le SNALC, le DNB n’est pas le chantier prioritaire ; d’autant que sa prochaine mouture n’est pas encore mise en place.

Nous avons donc invité nos interlocutrices à s’intéresser aux épreuves du baccalauréat. En effet, les épreuves anticipées de français, le grand oral et la nouvelle épreuve anticipée de mathématiques suscitent de nombreuses interrogations de notre part.


Climat scolaire : compte rendu du 23 mai 2025

LE THÈME

Le Ministère a produit un projet de document intitulé Propositions de mesures pour une École sûre et protectrice sur lequel il souhaite travailler avec les organisations syndicales représentatives.

L’ESSENTIEL

Les mesures proposées s’articulent en deux ambitions :

  • Une école sûre et protectrice ;
  • Une école du respect et de l’émancipation.

Les propositions concernent :

  • Le renforcement de la sécurité grâce aux services de défense et de sécurité académiques, aux équipes mobiles de sécurité, aux référents… ;
  • Le recueil de la parole des élèves, la pause numérique, le CESCE ;
  • Les procédures disciplinaires avec les mesures de responsabilisation ou de justice réparatrice et le renforcement de l’autorité pédagogique ;
  • La parentalité et le rapport entre parents et personnels ;
  • L’engagement des élèves.

LE SNALC A INSISTÉ SUR

Le texte met en lumière des éléments intéressants qui reposent sur deux piliers essentiels : la prévention et l’éducation d’une part, et la sécurité d’autre part. Toutefois, pour que ce système fonctionne de manière harmonieuse, il est crucial de lui fournir les ressources nécessaires.

Or, on manque de professeurs, les équipes de Vie Scolaire ont été réduites, et on a environ un Psy-EN et un personnel infirmier pour 1 500 élèves, avec des infirmières sur des postes partagés qui doivent, en plus, se diviser entre les écoles des bassins. Sans moyens humains adéquats, le travail sur le climat scolaire est vain.

Dans le premier degré, la situation est encore plus complexe. En effet, le SNALC réclame depuis des années la création d’un métier qui pourrait être un métier d’accueil ou de vie scolaire pour gérer la relation avec les usagers et, pourquoi pas, la cour de récréation.

Certaines idées, comme celle de responsabiliser les parents, sont bien accueillies par le SNALC. Toutefois, l’instauration d’un contrat pose question, car celui-ci impliquerait des engagements et nécessiterait des mesures en cas de non-respect.

Par ailleurs, contrairement à d’autres, le SNALC n’est pas favorable à une coéducation ou la multiplication des canaux de communication.  Il préfère l’amélioration et l’application stricte des canaux existants, notamment à travers une charte de bonne conduite pour prévenir les débordements.

Responsabiliser les élèves est également crucial. Il est essentiel de trouver un juste équilibre entre les sanctions et les mesures de responsabilisation et de réparation, soutenues par le SNALC. Enfin, il est important de donner un véritable sens aux instances telles que les Conseils de Vie Lycéenne (CVL) et les Conseils de Vie Collégienne (CVC).

L’AVIS DU SNALC

Le SNALC soutient fermement la protection des personnels et des élèves.

Toutefois, nous constatons un Ministère davantage préoccupé par sa communication, qui multiplie les dispositifs sans les coordonner ni évaluer l’efficacité de sa politique actuelle.

La question des moyens est ignorée, et les objectifs fixés semblent inatteignables dans l’état actuel des choses.

Le SNALC milite pour la sécurité des personnels et le renforcement de l’autorité pédagogique. Cependant, cette volonté ne se traduit pas concrètement sur le terrain de la part de notre encadrement.


Bilan des groupes au collège : enquête du SNALC

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Le SNALC vous avait interrogés en novembre, alors que les groupes venaient de se former.

En cette fin d’année, il est crucial de dresser un bilan du dispositif que le Ministère envisage de pérenniser.

Vos nombreux retours garantissent que chaque enquête du SNALC est prise au sérieux par l’Institution. En veillant à ce que ce bilan soit aussi représentatif et fiable que nos précédentes consultations, vous aiderez le SNALC à influencer les discussions futures sur la poursuite (ou non) du choc des savoirs.

Date limite de réponse : 13 juin 2025

Choisissez l’enquête selon votre discipline :

Professeurs de français
Professeurs de mathématiques

Professeurs de collège
autres disciplines


Cour des comptes : arrêtons de taper sur l’école primaire

Communiqué de presse du SNALC du 21 mai 2025

Le SNALC dénonce une nouvelle fois un rapport de la Cour des comptes qui révèle une méconnaissance flagrante des réalités du terrain et s’accompagne de recommandations totalement déconnectées. Imputer l’échec scolaire aux rythmes scolaires ou à l’absence de statut des directeurs d’école revient à ignorer complètement les véritables causes du problème.

Les raisons de l’échec sont à chercher dans les conditions de travail et d’enseignement des professeurs des écoles au sein de leur classe.

Depuis quelques années, on assiste à une explosion du nombre d’élèves à besoins éducatifs particuliers, à une multiplication des dispositifs d’inclusion particulièrement exigeants, et à des effectifs de classe trop élevés. L’individualisation des parcours devient impossible, la gestion de classe extrêmement complexe, le tout au détriment de la réussite et du bien-être de chacun.

Le SNALC déplore la prolifération de rapports comme celui-ci, qui présentent les dépenses de façon insincère, et qui prétendent apporter des solutions. Il est urgent de s’appuyer sur l’expertise des professionnels de terrain – les professeurs – plutôt que sur des analyses partiales, qui ne possèdent pas davantage de légitimité que certaines conventions citoyennes…
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Formation initiale : groupe de travail sur le master M2E

LE THÈME

Le Ministère réunit les organisations syndicales pour parler du Master l’Enseignement et de l’Education (M2E)

L’ESSENTIEL

Le Master, quel que soit le public (premier et second degrés, ou CPE) s’articule en 4 blocs.

  • Le bloc 1 est plus ou moins disciplinaire (plutôt moins que plus).
  • Le bloc 2 est plus axé sur la pédagogie.
  • Le bloc 3 porte sur le système éducatif et la fonction publique.
  • Enfin, le dernier bloc est celui de la formation.

Le Master ouvrira en 2026 et s’articulera avec des périodes d’observation et de pratique accompagnée en première année, puis avec 50 % d’enseignement en deuxième année. Cette partie « pratique » pourra être massée ou filée.

Les blocs ne sont pas des modules de formation imposés aux universités qui gardent la main sur les ouvertures, sur le nombre de places et sur les éventuels DU pour certains publics.

LE SNALC A INSISTÉ SUR…

Le SNALC a exigé de savoir enfin si un lauréat de concours en L3 pourrait choisir un Master disciplinaire, et si un lauréat issu d’un M1 disciplinaire pourrait poursuivre ce même Master. Le Ministère a répondu qu’une poursuite en Master disciplinaire était possible à condition d’abandonner son droit au concours !

Le SNALC a exigé que “la culture de l’évaluation” et “le cadre de référence des compétences numériques” soient retirés de ce document de cadrage.

Le SNALC a exigé que les stages ne puissent être faits sous la forme 15 jours en établissement / 15 jours en formation INSPE dans le second degré, car pédagogiquement ce serait une folie.

Le SNALC a exigé que les stagiaires professeurs des écoles ne soient pas des moyens d’enseignement mais puissent être des moyens de remplacement, pour que les titulaires aient accès à la formation.

L’AVIS DU SNALC

L’obligation de passer par le Master enseignement et éducation est inacceptable. Cela va empêcher les parcours de thèse ou l’agrégation et aura des conséquences catastrophiques sur la qualité de la formation, et donc sur la qualité de l’enseignement.

Le Ministère écoute mais n’entend rien.


Formation initiale : un Master inacceptable !

Communiqué de presse du SNALC du 15 mai 2025


Depuis que les discussions sur la réforme de la formation initiale ont débuté – il y a un an – le SNALC n’a cessé d’interroger sur la possibilité pour un lauréat de concours en fin de licence de s’inscrire dans un Master disciplinaire et sur celle d’un lauréat issu de M1 disciplinaire de poursuivre ce même Master.

Le Ministère vient – enfin – de nous apporter une réponse. Elle est scandaleuse ! Si un étudiant issu d’une licence disciplinaire veut poursuivre dans un Master disciplinaire, il devra abandonner le bénéfice de son concours.

Comment le Ministère de l’Éducation nationale ose-t-il empêcher les futurs professeurs d’être de vrais spécialistes de leur discipline ? Ce n’est clairement pas le Master Éducation qu’il nous a présenté qui y pourvoira car le disciplinaire – contrairement à ce qu’on nous annonçait – n’y compte absolument pas pour 2/3 de la formation et est grandement rabougri à ses dimensions didactiques et pédagogiques.

Le SNALC a toujours dit que l’avancée du concours en L3 ne devait pas correspondre à une baisse de la maîtrise disciplinaire. Ce que prépare le Ministère est inacceptable et irresponsable ! Cela va empêcher les futurs professeurs certifiés de prétendre à une agrégation externe ou à des parcours de thèse et va massacrer la qualité de l’enseignement dans notre pays.


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