Mesdames et Messieurs les représentants de l’administration,
Mesdames et Messieurs les membres élus du comité,

On dirait du Balzac.

Les premiers pas de notre nouvelle ministre au MENJSJOP sont un roman feuilleton. Déclarations publiques catastrophiques, enquêtes, rapports planqués dans une armoire et dévoilés juste au bon moment : les rebondissements sont nombreux. Le tout sur fond de débat public/privé, de contournement de ParcourSup et de petits arrangements entre amis. Si l’on n’était intéressé que par la comédie humaine, on attendrait avec impatience l’épisode suivant.

Le souci, c’est que pendant ce temps, l’École va toujours aussi mal. Le rattrapage salarial pour 2024 ? Pour les enseignants, c’est zéro euro ; pour les autres, pas beaucoup plus. La gestion du calendrier de l’année et des DHG pour la mise en place des groupes de niveau en 6e et 5e à la rentrée prochaine ?  Le SNALC alerte sur ce point depuis plusieurs mois ; l’administration nous avait promis « de la dentelle » : ce sera du gros œuvre, et on n’a pas acheté assez de ciment. L’art de flinguer des mesures intéressantes demeure la grande spécialité de l’Éducation nationale. On se demande déjà comment ils vont pouvoir rater le nouveau DNB et la prépa-lycée, qui pourtant, sur le papier, ont l’air très bien.

Côté école inclusive, le SNALC attend les groupes de travail promis depuis maintenant un an, le bilan des PIAL, et continue de dénoncer une politique de façade qui crée de la souffrance chez les élèves comme chez les personnels. Gabriel Attal s’était engagé à ce que les organisations représentatives, dont le SNALC, siègent enfin au comité de suivi de l’inclusion scolaire pour y porter la réalité du terrain : espérons que l’actuelle ministre trouvera plus rapidement ce dossier sur son bureau que le rapport de l’Inspection générale sur Stanislas.

Car le SNALC sait que l’écume politique est de peu d’importance, et ne perd jamais l’essentiel de vue. L’essentiel, ce n’est pas la personne de la ministre , ni d’ailleurs le lieu où elle scolarise ses enfants. L’essentiel, c’est que notre ministre nous a craché dessus dès sa première prise de parole publique alors que tous les voyants sont au rouge.

Dès lors, comment lui accorder le moindre crédit ? En une semaine, elle a pulvérisé quatre mois de travail de son prédécesseur devenu depuis premier ministre. Comment ce dernier peut-il lui-même lui faire confiance à la tête d’un ministère aussi important sur lequel il a annoncé garder la main ?

Du Balzac, donc. Mais avec Gaston Lagaffe en personnage principal, qui vient de mettre le feu au bâtiment. Bref : toute une vision de l’École…

Je vous remercie.

CSA ministériel du 23 janvier 2024

Déclaration intersyndicale FSU, UNSA, SGEN-CFDT, CGT Educ’action, SNALC, Sud

Les propos tenus par la ministre de l’Éducation nationale lors de son premier déplacement ont légitimement choqué les personnels du service public d’Éducation. Ces paroles dénigrantes, alors même que les personnels tiennent, dans des conditions difficiles et souvent seuls, le service public, ont provoqué une très vive colère. Nous réaffirmons la force du projet scolaire de l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire : accueillir partout tous les élèves sans distinction d’aucune sorte, être ambitieux pour chacun, respecter et participer à une véritable liberté de conscience notamment par la construction de l’esprit critique autour de savoirs scientifiquement validés.

Le service public d’Éducation traverse une crise sans précédent : crise de recrutement, démission, perte de sens… A l’instar de l’hôpital public, l’École publique n’est pas loin de l’effondrement. Il y a urgence à reconnaître, revaloriser, respecter celles et ceux qui la font vivre, lui donner les moyens d’exercer ses missions, plutôt que de la jeter à la vindicte populaire. Nous demandons de renoncer au texte réformant la terminale du baccalauréat professionnel afin de construire des enseignements ambitieux pour les élèves de la voie professionnelle.

Nos organisations syndicales demandent à la ministre de prendre des engagements à rouvrir très vite des dossiers décisifs pour l’avenir du service public : revalorisation sans contreparties des personnels articulée autour de mesures immédiates et d’une loi de programmation pluriannuelle, abandon du Pacte, création d’un statut de fonctionnaire de catégorie B pour AESH et amélioration des conditions de travail, notamment par la baisse des effectifs dans les classes et un plan pluriannuel de recrutement. Face aux inégalités scolaires et sociales qui minent notre système éducatif, et en définitive, notre démocratie, des moyens conséquents doivent être mis au service de la réussite de tous les élèves, sans tri.

Les grands discours sans lendemain, les paroles, les clichés détestables … cela suffit ! Nos organisations syndicales exigent des actes forts qui prennent la mesure de la crise que traverse le service public.