QUINZAINE UNIVERSITAIRE n°1484 – école

ÉDITO : LOIN DU COMPTE

J-Rémi Girard
Président du SNALC
Au nom du SNALC, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne année 2024.
A-t-on des raisons d’espérer que cette année permette à notre système éducatif et à ses personnels de faire preuve de davantage d’optimisme ? En partie seulement.
D’un côté, certaines annonces tranchent avec la volonté habituelle qu’a notre ministère de saboter les efforts des collègues. Par exemple, rappeler que nous sommes des professionnels en nous laissant la décision de redoublement ne fera aucun mal au système, et ne pourra que faire du bien à notre autorité. [Lire la suite]
ACTUALITÉS DU MOIS
- Une école qui a menti
- VAE, CPF, CFP, EAFC : quel dispositif choisir ?
- Devenir maître formateur ou conseiller pédagogique
- Enseigner dans le secondaire : quelles possibilités ?
- Devenir chef d’établissement ou IEN
- Passerelle : devenir gestionnaire ou attaché d’administration
- Devenir secrétaire administratif
CONDITIONS DE TRAVAIL
LES PERSONNELS
Afin d’être au plus près de vos attentes et de vous informer au mieux, la revue du SNALC a évolué dès cette rentrée, avec désormais deux numéros mensuels au lieu d’un : l’un centré sur le second degré et le supérieur, et le second sur les problématiques spécifiques de l’école primaire.
Allocation IUFM et retraite : enfin !

Le SNALC avait annoncé la parution prochaine du décret en application de la loi de 1991 prenant en compte l’allocation de première année d’IUFM des allocations IUFM pour les droits à pension.
Ce décret tant attendu et tant réclamé, prévu pour l’automne 2023 vient enfin de paraître au « Journal officiel » du 30 décembre 2023.
Le décret prévoit que les périodes éligibles sont prises en compte pour moitié à titre gratuit. Les personnes éligibles doivent formuler une demande auprès de l’administration dont elles relèvent douze mois avant la date souhaitée d’admission à la retraite.
Article 1
Les périodes mentionnées à l’article 14 de la loi du 26 juillet 1991 susvisée sont prises en compte, pour moitié, pour la constitution du droit à pension et la liquidation de la pension.Article 2
La demande de prise en compte des périodes mentionnées à l’article 1er du présent décret est adressée par la personne éligible à l’administration dont elle relève au moment du dépôt de cette demande ou, à défaut, à la dernière administration dont elle relevait.
Article 3
La demande mentionnée à l’article 2 est faite au plus tard douze mois avant la date à laquelle la personne éligible souhaite être admise à la retraite.
Pour les admissions à la retraite prévues moins de douze mois après la date d’entrée en vigueur du présent décret, la demande mentionnée à l’article 2 est faite avant la date à laquelle elles souhaitent être admises à la retraite au plus tard dans un délai de six mois à compter de la notification de la décision initiale de concession de la pension.
Les personnes qui ont déjà été admises à la retraite à la date d’entrée en vigueur du présent décret déposent leur demande dans un délai de douze mois à compter de cette même date.
Article 4
Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse et le ministre de la transformation et de la fonction publiques sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Rédigé par Frédéric ELEUCHE, responsable national du SNALC chargé des retraites
Bonne année 2024
Le SNALC NICE vous souhaite à toutes et tous une heureuse année 2024 !
Vous pouvez toujours compter sur votre syndicat pour vous aider et vous accompagner.
Le bureau,
RMC – Tentative d’homicide ou mauvaise blague ?


Du détergent dans le verre de sa professeure d’Arts Plastiques, un énième incident dans notre profession !
Maxime Reppert, vice-président du SNALC, réagit dans les Grandes Gueules sur RMC le vendredi 22 décembre 2023.
RMC – Les grandes gueules
Maxime Reppert est avec nous dans Les Grandes Gueules. Que pensez-vous de ce qui s’est passé dans les Yvelines ? L’explication avancée par ce jeune élève, c’est la mauvaise blague. Vous y croyez ?
SNALC – Maxime Reppert
Pas du tout, car si vous donnez un détergent à quelqu’un pour qu’il puisse l’ingérer, cela relève plus, pour moi, de la tentative d’homicide que de la mauvaise blague. Je pense qu’à un moment donné, il faut dire les choses comme elles sont. Je ne vois personne autour de moi dire “ah oui, c’est vraiment très drôle de donner un détergent à boire à quelqu’un”. Donc, à un moment donné, il va falloir arrêter de minimiser, il va falloir arrêter de dire “mais ce n’est pas grave, ce sont des mineurs, ils ne savent pas ce qu’ils font, etc.” Là, on a un enfant de 14-15 ans qui fait ça. Il y a quelques jours, c’était une jeune de 12 ans qui a voulu tuer sa professeure avec un couteau, et je pourrais vous faire une liste à la Prévert des événements médiatisés ces derniers temps concernant l’agression de personnels de l’Éducation nationale, notamment des personnels enseignants. Donc, à un moment donné, minimiser, c’est surtout leur ôter toute responsabilité de leurs actes, et ça, c’est quelque chose d’inacceptable. Ou alors, on favorise ainsi le sentiment d’impunité et surtout, on favorise l’insécurité des personnels de l’Éducation nationale. Je suis désolé, en 2023, enseigner, normalement, ce n’est pas se faire agresser.
RMC – Les grandes gueules
Bien sûr, ce n’est pas risquer sa peau, mais vous dites “attention, il ne faut pas minimiser, mais que risque-t-il ?”. Alors, il y aura une action judiciaire, a priori, on verra, mais en termes de sanctions disciplinaires, que risque-t-il ? Alors, il y aura un conseil de discipline, va-t-il être renvoyé, c’est ça ?
SNALC – Maxime Reppert
Il risque l’exclusion, mais si vous voulez, l’exclusion en tant que telle ne nous satisfait pas simplement parce que si c’est juste une exclusion, cela va déplacer le problème. Ce qu’il va falloir surtout, c’est qu’il y ait un suivi de cet élève, c’est qu’il y ait un suivi avec la famille, parce que ce qu’a fait l’élève là, qui me dit qu’il ne va pas recommencer dans quelque temps dans un autre établissement ? Et le pire, c’est que les collègues qui vont l’accueillir dans son nouvel établissement ne pourraient même pas être au courant de ce qu’il a fait.
RMC – Les grandes gueules
Ah oui, ça me rappelle l’histoire de cet élève de 12 ans avec son couteau qui avait aussi été viré parce qu’elle avait déjà fait ça dans un autre établissement, et effectivement, les profs n’étaient pas informés du parcours, et peut-être même des problèmes psychiatriques de cet élève.
SNALC – Maxime Reppert
Il y a un défaut d’information qui est à la fois très grave. Notre collègue, Agnès Lassale, qui a été tuée en février dernier, n’était pas au courant des antécédents et de la situation de santé de l’élève en question qu’elle avait.
RMC – Les grandes gueules
Mais pourquoi n’informe-t-on pas ? Parce qu’on ne veut pas, entre guillemets, stigmatiser l’élève, que l’élève n’arrive pas avec un dossier.
SNALC – Maxime Reppert
Il y a ce type de raisons-là. Le problème, c’est qu’en voulant ne pas stigmatiser les élèves, on risque de mettre en danger les adultes et potentiellement même les autres élèves, qui sont sous la responsabilité des enseignants. (…)


Audience avec le ministre : le SNALC porte les priorités des personnels

Le SNALC a été reçu en audience par Gabriel Attal ce vendredi 22 décembre 2023, et a pu porter les nombreuses revendications des personnels de l’Éducation nationale.
La priorité absolue du SNALC est celle de l’attractivité de nos métiers, qui est corrélée à notre niveau de rémunération. Le SNALC continue de demander un rattrapage salarial pluriannuel. Nous avons également dressé le portrait objectif des conditions de travail réelles de nos collègues, qui se sont fortement dégradées ces dernières années, comme en témoignent les nombreuses agressions médiatisées ces dernières semaines. Ces dernières ne sont pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Le SNALC a également rappelé l’état de déshérence absolue de la médecine du travail et les résultats catastrophiques de l’enquête qu’il a menée l’an dernier sur l’accompagnement des personnels en situation de handicap. Sur le dossier des conditions de travail, le SNALC a marqué sa totale opposition à la politique du ministère sur la formation continue des professeurs du second degré hors temps devant élèves.
Le SNALC a également porté le dossier de la gestion de l’école inclusive, qui est une source de souffrance terrible pour la quasi-totalité des collègues d’après notre récente enquête. Il a demandé officiellement la création d’un corps de fonctionnaire pour les AESH. Il a également remonté les problèmes de mise en œuvre de la CDIsation des assistants d’éducation.
Le SNALC a échangé sur les annonces faites par le ministre dans le cadre du « choc des savoirs ». Certaines correspondent aux attentes de nos collègues (classes prépa-lycées, rôle du diplôme du brevet). Certaines vont dans le bon sens, mais nécessitent des moyens concrets pour une mise en œuvre dès la rentrée 2024 (groupes de niveau en français et mathématiques), condition sine qua non de leur réussite. À ce sujet, l’annonce sur l’arrêt des suppressions de postes dans le second degré est une bonne nouvelle, tant que la mesure est pérennisée sur le long terme. Certaines enfin doivent être abandonnées (suppression de cours d’autres disciplines pour renforcer le français et les mathématiques). Le SNALC a demandé le retour de la technologie en classe de sixième.
Enfin, le SNALC a indiqué au ministre qu’il lui convenait d’agir rapidement pour éviter l’embrasement en CPGE suite aux annonces faites par le recteur de Paris.
Le SNALC salue la qualité d’écoute du ministre, mais jugera comme toujours aux actes et aux textes règlementaires. Il rappelle que le ministère doit marcher sur deux jambes : de bonnes idées sur le plan pédagogique ne peuvent réussir que si les ressources humaines suivent, et les salaires avec.
CSA ministériel du 21 décembre 2023 : déclaration du SNALC

Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les représentants de l’administration,
Mesdames et Messieurs les membres élus du comité,
Alors que la dernière enquête PISA confirme la crise de notre système éducatif et que vous avez, monsieur le ministre, fait de nombreuses annonces suite à sa mission « exigence des savoirs », est-on enfin en train de mettre la transmission des savoirs au premier plan ? Notre ministère s’était surtout complu ces dernières années dans le tout compétences, et nettement moins dans le domaine de l’exigence. Pensons à l’abandon quasi définitif du redoublement sans qu’aucune alternative ait été mise en place, par exemple. Non pas que le redoublement soit la panacée, mais le passage automatique de classe en classe sur le grand tapis roulant du système, et ce, quel que soit le niveau de l’élève, l’est encore moins. De ce point de vue, rendre le pouvoir de décision aux professionnels que nous sommes est un signal positif, bien au-delà du débat sur l’utilité ou non du redoublement.
Il faut dire que les alternatives au redoublement coûtent cher : il faut davantage d’enseignants, moins d’élèves par classe, des heures en petits effectifs. Les groupes et la « prépa-lycée » que vous annoncez, qui correspondent à des propositions du SNALC, ne se feront pas à moyens constants. Nous prenons acte des modifications que vous venez d’annoncer, et qui doivent s’inscrire dans la durée, au vu des suppressions massives faites par vos prédécesseurs alors que la démographie, à l’époque, augmentait. Le SNALC continue de revendiquer qu’il n’y ait aucune suppression de postes dans le premier degré et que l’on rétablisse la technologie en classe de sixième. On ne fera pas une École de qualité en ayant comme principal objectif les économies budgétaires, et nous demandons que la volonté affichée de créer des groupes et des années propédeutiques crée un « choc des salaires » et un « choc des ressources humaines ». Prenez l’école inclusive : le dernier projet en date part du principe que le bon taux d’encadrement est d’un personnel AESH pour 4 à 5 élèves en situation de handicap, en moyenne. On ne nous fera pas croire que la priorité est l’accompagnement de l’élève et la compensation de son handicap : la priorité, ici, est d’accueillir pour pas cher.
En effet, notre employeur, qui peut être si exigeant quand il s’agit de nous évaluer et de nous contrôler, a longtemps donné dans le laxisme et dans la poussière-sous-le-tapis pour tout le reste. Alors que vous visez à renforcer la place du diplôme du brevet, votre consœur Carole Grandjean supprime 4 semaines de cours en terminale professionnelle. L’année scolaire préparant au baccalauréat durerait ainsi… 22 semaines. On est passé du bac pro 4 ans au bac pro 3 ans, et maintenant au bac pro 2,5 ans, avec 170 heures de cours en moins pour un élève de lycée pro sur sa scolarité. L’exigence n’est clairement pas au rendez-vous pour ces élèves-là, d’où la présence active du SNALC dans l’intersyndicale majoritaire qui s’oppose à cette réforme.
Le SNALC tient à rappeler que l’état dégradé de notre École n’est en rien dû aux personnels. Si l’on n’arrive pas à recruter – car nous sommes, avant tout, mal payés – ce n’est pas la faute des personnels, mais celle de l’employeur. Le SNALC rappelle aussi que la politique menée sur la formation continue des enseignants du second degré hors du temps devant élèves est une catastrophe, et qu’il faut revenir dessus au plus vite.
C’est pour ces raisons, et pour bien d’autres, que le SNALC est un syndicat exigeant, et un syndicat qui défend l’exigence. Car notre ministère est le premier employeur de France. Car l’accomplissement de nos missions permet à la République d’exister et de perdurer. Car nous sommes des professionnels, et que nous devons être traités comme tels.
Je vous remercie.