Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs les représentants de l’administration, Mesdames et Messieurs les membres élus du comité,
Dans une République qui prendrait soin de son École, le temps du politique ne primerait pas sur le temps de l’éducation. De même, la communication politique — dont nous ne nions pas l’importance — ne prendrait pas le pas sur la réalité. Il y aurait une exigence de sincérité, d’honnêteté et de clarté, qui serait due aux personnels de l’Éducation nationale. Car l’École est un bien commun, et tout le monde s’entendrait pour la défendre.
La situation actuelle est bien loin de cet idéal, qui relève pourtant du bon sens. Ou plutôt du sens des priorités. Mais la « priorité à l’éducation » n’a pas le sens des priorités. On a même poussé le « en même temps » jusqu’au domaine de la physique quantique. Ainsi, les fameux groupes du choc des savoirs sont désormais des groupes de Schrödinger : suivant le membre du gouvernement que l’on écoute, ils sont en même temps « de niveau » et pas « de niveau ». Et comme le chat (toujours de Schrödinger), ils sont en même temps vivants et morts. Ces groupes sont obligatoires mais assouplis, sur l’ensemble du temps mais avec des dérogations, nationaux mais dans le cadre de l’autonomie de l’établissement.
Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, au lieu de s’arc-bouter sur la rhétorique du « on le fera puisqu’on a dit qu’on allait le faire », le politique gagnerait clairement à dire des choses simples et vraies : on n’a pas pris le temps ; on n’a pas mis les moyens horaires suffisants ; on a sous-estimé la complexité de ce que l’on voulait faire ; on n’a pas écouté les mises en garde et les conseils. Et il gagnerait aussi à prendre conscience de l’état réel de notre système éducatif, et à retrouver, enfin, ce fameux sens des priorités.
Il n’y a pas de sujet inintéressant en soi. Mais entre le fait de savoir s’il faut expérimenter l’uniforme et celui de résorber la crise des recrutements, il y a un sujet prioritaire sur l’autre. Entre la gestion du SNU et la gestion de l’école inclusive, il y a un sujet prioritaire sur l’autre. Entre les évaluations nationales de CM1 et les résultats catastrophiques de l’enquête « bien-être au travail » menée par le ministère lui-même, il y a un sujet prioritaire sur l’autre.
Le SNALC continuera à informer l’ensemble des collègues sur ce qui est réellement fait pour eux par leur employeur, c’est-à-dire souvent pas grand-chose. Et nous rappelons que les collègues ne sont pas dupes, et savent très bien ce qu’est le sens des priorités. Il va falloir que le ministère finisse par apprendre qu’on doit faire les multiplications avant de se lancer dans les soustractions. Mais nous reconnaissons au ministère que s’il est une opération qu’il maîtrise, c’est bien la division.