«…l’Éducation nationale traverse sa plus grande crise, avec effectivement une pénurie d’enseignants de plus en plus visible et insupportable…»

Maxime Reppert

Vice-président du SNALC

Quel bilan pour le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndaye ?

Maxime REPPERT, Vice-Président du SNALC,  répond aux questions sur CNEWS le 10 juillet 2023.

CNEWS

Maxime Reppert, professeur d’histoire-géographie et vice-président du SNALC, est avec nous. Que peut-on craindre pour la rentrée ?

Maxime Reppert

On peut craindre la pénurie de professeurs. On n’est plus à 4000 postes non pourvus, mais un peu plus de 3000. Cependant, la situation reste extrêmement critique. Nous pensons qu’actuellement, l’Éducation nationale traverse sa plus grande crise, avec effectivement une pénurie d’enseignants de plus en plus visible et insupportable.

[…]

CNEWS

Maxime Reppert, que retenez-vous de tout cela ?

Maxime Reppert

Que la situation est très grave. On parlait justement du métier d’enseignant. Je vais quand même donner quelques chiffres pour étayer un peu ce bilan. Dans les années 80, un professeur débutait en collège avec un salaire équivalent à 2,3 fois le SMIC. En 2022, c’est 1,2 fois le SMIC. L’année dernière, près de 3000 contractuels ont été recrutés. Nous n’avons rien contre les contractuels, à condition qu’ils soient bien accompagnés et bien formés. Mais nous nous sommes rapidement rendu compte que ces contractuels ont bénéficié d’une formation inférieure à celle proposée par une célèbre chaîne de fast-food à ses employés pour servir des burgers. En conséquence, nous faisons un travail dans des conditions absolument indignes. Que se passe-t-il ? Nous n’avons aucun changement, nous allons droit dans le mur, littéralement, car on demande de plus en plus à l’école tout en reconnaissant de moins en moins le métier d’enseignant. La laïcité est actuellement en danger, comme cela a été évoqué, et donc on demande à l’école de tout faire, de résoudre tous les problèmes de la société. Nous rappelons que la première cellule d’apprentissage d’un enfant n’est pas l’école, mais la famille. Nous avons parlé du harcèlement tout à l’heure. Le harcèlement doit être traité et abordé au sein de l’Éducation nationale, c’est une évidence, tout comme d’autres thématiques citoyennes et républicaines doivent l’être. Cependant, lorsqu’on parle de cyberharcèlement, par exemple, il faut bien prendre conscience que cela se produit principalement dans le cadre privé et que l’Éducation nationale n’a pas de prise sur cela.

[…]

CNEWS

Merci, Maxime Reppert. Que puis-je vous souhaiter pour la rentrée ? Bon courage ?

Maxime Reppert

Oui, beaucoup de courage.

CNEWS

Vous gardez la foi ?

Maxime Reppert

Naturellement, il faut de la passion, et je salue d’ailleurs l’engagement de tous les personnels de l’Éducation nationale, et des enseignants en particulier, qui font que l’école tient encore debout actuellement. Nous l’avons vu notamment durant la pandémie, et nous le constatons encore aujourd’hui. Bravo à tous les collègues qui se lèvent chaque matin pour exercer leur métier.

«….il faut de la passion, et je salue d’ailleurs l’engagement de tous les personnels de l’Éducation nationale, et des enseignants en particulier, qui font que l’école tient encore debout actuellement. Nous l’avons vu notamment durant la pandémie, et nous le constatons encore aujourd’hui…»

Maxime Reppert

Vice-président du SNALC